La séquence se portera sur les rapports que peuvent entretenir l’écriture et le "visuel" ; on visionnera dans le DVD le chapitre 7 “ Les fantômes de la littérature ”, dans son intégralité, avec une attention particulière pour la partie intitulée La rencontre de Rimbaud : La jeunesse à l’épreuve du temps & La voyance pour illustrer la vision...
D’autre part, on complétera le cours avec des textes extraits de l’œuvre de Arthur Rimbaud, Œuvres complètes, Correspondance, BOUQUINS chez Robert Laffont, pages 224 à 232, Lettre 10 à Georges Izambard et Lettre 11 à Paul Demeny, dites LETTRES DU VOYANT.
Tandis que dans la Lettre 10, Rimbaud oppose la poésie dite subjective, qualifiée de fadasse, à la poésie objective (à propos de laquelle il dit : « Je me dois à la société », « Je est un autre »), le poète dans la Lettre 11 parle de « cultiver son âme, faire l’âme monstrueuse » ; « [il] assiste à l’éclosion de [sa] pensée » :
« [le poète] devra faire sentir, palper, écouter ses inventions » ;
« Cette langue sera de l’âme pour l’âme, résumant tout, parfums, sons, couleurs, de la pensée accrochant la pensée et tirant ».
À partir de là, on pourra trouver sur le "site perso" de Michel Butor le texte Outre-Harrar, composé de trois quintils, avec au vers 13 la "prière" :
« Frère, communique-moi ta force d’écart »
C’est ainsi que Butor inscrit sa trace hors des pas de Rimbaud et s’inscrit dans l’épaisseur synesthésique du texte, mettant en rapport le livre avec l’image, déclarant : « Rimbaud n’a jamais cessé d’écrire ».
C’est ainsi que Butor se considérera aussi comme cet autre arpenteur, à la recherche d’un esprit encyclopédique :
« Rimbaud m’a aidé à user des choses que j’aurais peut-être eu du mal à oser tout seul ; ça a eu beaucoup d’influence sur la façon dont je compose, je calcule moi-même mes textes. »
Dans Anthologie Nomade, Poésie/Gallimard, NRF, dans le texte Voyant, pages 457 à 473, on verra comment Butor "part avec Rimbaud, et en arrive à soi ", à cet Autre, trouvé en toute fraternité à travers l’écrit et l’extratemporel, à la lisière de la poésie et du romanesque, lorsque l’autobiographie se fait autofiction ; et que l’on retrouve dans La Modification ou Le Génie du lieu...
Après avoir ainsi abordé les relations étroites entre ces deux écrivains, on se lancera dans la fabrication du livre Leporello (voir dans le DVD le chapitre 4 Quant au livre ...). On pourra lire aux élèves, ou leur proposer, une strophe, prise au hasard dans Les Illuminations de Rimbaud ou dans Le Voyant de Butor (ici des hallucinations simples, sous forme de paragraphes), et l’on montrera comment l’un et l’autre mettent dans leur écriture l’expérience du voyage, comment se superposent le souvenir d’un voyage personnel ou imaginaire et une écriture des sens. L’élève sera alors invité à faire part d’une expérience identique ou approchée, en imitant l’un ou l’autre auteur, en une page maximum. Puis chacun partira à la recherche d’une image numérique sur la toile dans laquelle le texte trouvera quelques reflets... Textes et images en vis-à-vis, puis cousus entre eux, formeront alors LE LIVRE DES VOYAGES, livre collectif et pluriel, où chacun reconnaîtra le sien et s’intéressera aux autres !
En conclusion, on montrera aux élèves le premier livre-objet, datant de 1914, La Prose du Transsibérien..., poème de Blaise Cendrars avec les couleurs simultanées de Sonia Delaunay ( Blaise Cendrars, l’or d’un poète par Miriam Cendrars, Découvertes Gallimard Littérature, 1996).
Arnaud Beaujeu & Miguel Gonzalez,
professeurs de Lettres Modernes.