Objectifs pédagogiques et compétences visés :
L’objectif premier était de faire écrire des élèves de 4ème pour lesquels les productions n’étaient généralement pas satisfaisantes en terme de développement et de richesse lexicale. Travailler sur les 10 mots de la langue française permettait donc de stimuler leur curiosité sur le vocabulaire. Pour leur donner ensuite l’envie d’écrire, il fallait travailler sur un projet obtenant l’adhésion de la classe : une enquête policière se déroulant au sein même de notre collège a obtenu tous les suffrages. Enfin, mener à bien un projet collectif permettait de créer une émulation dans une classe très individualiste ou clanique.
Descriptif sommaire :
Tout a commencé par le désir de réaliser une enquête policière qui se déroulerait dans le collège. Le concours des dix mots a, en parallèle, stimulé les élèves. Le développement du lexique est une priorité pour mieux appréhender le monde qui nous entoure, dans sa diversité et sa richesse. Nous avons donc décidé de lier les deux projets, avec l’ambition d’utiliser les dix mots comme des étapes incontournables pour la réalisation de l’enquête.
Descriptif détaillé :
Après avoir étudié les mécanismes du genre policier à travers une étude de premières de couverture, de textes et la lecture de nouvelles ou romans policiers, les élèves avaient une meilleure connaissance des ressorts du genre.
Ainsi, ils ont pu bâtir ensuite, en commun, un scénario à partir d’une carte heuristique qui s’appuyait sur les 10 mots.
Il a donc fallu explorer les différents sens (à l’aide de dictionnaires papier, numériques et d’encyclopédies) et réfléchir à leur intégration dans notre enquête. Cela a créé un véritable remue-méninges car au départ nous voyions mal comment utiliser le mot "Inuit" par exemple, alors que l’action se situait en pleine campagne française !
Tous les travaux ont été centralisés dans l’ENT (dans un dossier partagé) qui venait de faire son apparition dans notre département de l’Ain. Après une recherche lexicale assez poussée, est venue la création de premiers textes. Sur les mots "sérendipité" et "zénitude", tous les élèves ont produit individuellement un texte et nous avons retenu les meilleurs par vote. Tous ensemble, ils ont apporté ensuite quelques modifications aux deux textes retenus afin de les améliorer.
Puis a commencé la mise en scène qui devait utiliser, sur ma recommandation, l’outil numérique (traitement de texte, montage sonore grâce au logiciel Audacity et vidéo). Les montages vidéo ont été réalisés par mes soins avec le logiciel Windows Movie Maker à partir des séquences filmées par les élèves avec la caméra numérique de l’établissement.
Ensuite, pour des questions de temps, le travail a été mutualisé : par groupes de trois élèves, ils ont produit, en salle informatique, un texte sur les huit mots restants puis ont mis en scène leur mot (lecture enregistrée ou petite saynète). J’ai récupéré, toujours via l’ENT, toutes leurs productions et les ai mises dans un diaporama (Prezi), lui aussi intégré dans l’ENT, dans un article de blog. (Remarque : puisqu’il s’agissait d’un blog de classe créé pour l’année 2014-2015, il n’est plus accessible. Cependant, vous pouvez accéder à la présentation)
De nombreuses personnes du collège ont été mises à contribution pour jouer un rôle dans l’enquête, comme le principal, la gestionnaire ou encore la documentaliste. A chaque fois, elles ont été sollicitées par les élèves et ce sont eux qui ont filmé ou enregistré les "acteurs".
Tous les éléments mis en place, le projet a été soumis à l’ensemble des utilisateurs de l’ENT du collège (élèves, parents et professeurs) dans un article de blog ouvert à tous. Ainsi, chacun peut essayer de résoudre l’énigme et soumettre sa réponse grâce à un formulaire en ligne créé directement dans l’ENT et une fois de plus réalisé par les élèves.
Les outils numériques utilisés
Le numérique a tout d’abord été utilisé pour la réalisation du scénario de l’enquête. Pour cela, à partir d’une carte heuristique projetée en classe (Framindmap en ligne), les élèves faisaient des propositions et devaient argumenter pour convaincre les autres de la pertinence des éléments proposés.
La recherche lexicale autour des dix mots a été réalisée, en complément des dictionnaires papiers ou encyclopédies à l’aide de dictionnaires numériques (notamment celui du CNRTL).
Les textes ont été généralement rédigés en salle informatique, à l’aide d’un logiciel de traitement de textes (LibreOffice) puis ils ont été déposés dans un espace partagé créé sur l’ENT de l’Ain. Ainsi, je pouvais les récupérer facilement et les restituer dans le même espace aux élèves, avec des éléments de correction en utilisant l’outil commentaire.
Pour créer les fichiers sonores, les élèves lisaient leur texte et s’enregistraient à l’aide du logiciel Audacity. Puis ils ajoutaient une musique d’ambiance libre de droits, à choisir parmi six titres que j’avais sélectionnés et déposés toujours dans l’espace partage de l’ENT. Pour deux enregistrements sonores (ceux du principal et de la documentaliste), une tablette tactile a été utilisée pour des raisons de simplicité avec l’application Audio Memos Free. Les fichiers sonores définitifs réalisés par les élèves étaient déposés une fois de plus dans l’ENT.
Pour les séquences vidéo, les élèves rédigeaient les saynètes avec dialogue et didascalies et les donnaient ensuite aux "acteurs". Les élèves filmaient ensuite à l’aide d’une caméra numérique. J’ai assuré le montage vidéo à l’aide du logiciel Windows Movie Maker.
Tout le support de l’enquête a été réalisé à l’aide du logiciel de présentation Prezi utilisable gratuitement avec une adresse mail académique. Mais c’est surtout grâce aux différents outils (partage de dossier, messagerie, blog et formulaire) offerts par l’ENT de l’Ain et à la simplicité de leur utilisation, que le travail a été rendu possible.
Des pistes pour l’évaluation
J’ai évalué de plusieurs manières au cours de ce projet. Tout d’abord sur des activités classiques de rédaction (suite de texte notamment) ou d’évaluation de lecture de romans policiers sans rapport direct avec l’enquête.
Ensuite, j’ai évalué les élèves sur leurs productions de textes liés à l’enquête (respect de la cohérence par rapport au scénario, utilisation pertinente des dix mots de la langue française, structure, etc...) et leur capacité à les améliorer. En outre, leurs mises en voix étaient également évaluées sur la qualité de la diction.
Mais la réelle évaluation, ce sont les élèves qui la faisaient par l’élection, systématiquement, des meilleurs textes ou enregistrements audio. L’évaluation par les pairs n’a jamais été humiliante mais au contraire, un consensus était toujours trouvé sur le "meilleur texte" et cela en valorisait davantage la production, bien plus que par une note chiffrée.
Enfin, de nombreuses compétences du B2I mais aussi du socle commun ont pu être validées, notamment sur la capacité à travailler en groupe ou encore sur la prise d’initiatives.
Limites et perspectives :
Au final, cela a été un projet très enrichissant car il a permis aux élèves de travailler ensemble, à certains de réaliser des tâches de manière volontaire (réalisation du visuel de l’enquête, écriture de lettres de sollicitation pour les "acteurs"), et de voir pour tous l’apport des autres cultures dans notre langue française. En outre, les élèves filmés se sont bien investis en apprenant généralement leur texte par cœur et en soignant leur jeu de scène. Enfin, l’objectif premier d’élaborer des textes longs et divers (narratifs, dialogues, lettres) et de susciter l’envie d’écrire a été atteint.
Cependant, comme tout projet ambitieux, cela a pris du temps. Par ailleurs, le diaporama final est lourd (plus de 200 MO) et a été un frein pour la consultation à domicile pour ceux disposant d’une connexion Internet lente.